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ABENHAMET.

Demain ! ah ! va, pour moi cette horreur, ces tourmens,
Ne seront que trop vite apportés par le temps ;
Sans aller, poursuivi par leur fatale image,
À les souffrir d’avance épuiser mon courage.
Que viens-tu me parler de demain, d’avenir ?
Puis-je encore y songer, lorsqu’elle doit venir ?
Loin de moi tout penser qui n’est pas Zoraïde !
Elle seule, et puis rien, rien après, cher Séide.
Je ne puis, je ne veux rien prévoir du destin,
Je dois la voir ce soir, que m’importe demain !

SÉIDE, à part.

Mon Dieu ! protégez-les !

ABENHAMET, écoutant.

                                              Écoute… l’on s’avance,
On vient… non… ma voix seule interrompt le silence.
Séide, c’est ici qu’en des jours plus heureux,
Son vieux père jadis la promit à mes vœux.
Là, jouissant en paix de sa douce présence,
Du bonheur attendu je goûtais l’espérance ;
Alors…

SÉIDE.

              Oui, mais depuis ? As-tu donc oublié
À quel sort maintenant son destin est lié ?

ABENHAMET.

Ah ! cruel, ta raison m’accable et me déchire.
Quoi ! ne devais-tu pas, respectant mon délire,
Quand ainsi j’oubliais un instant ma douleur,
Me laisser ma démence, à défaut de bonheur !
Mais non, me rappelant son hymen exécrable,
Tu me fais souvenir combien elle est coupable