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Doit suivre la fortune et quitter le malheur.
Eh bien ! nous serons seuls à la peine, à l’honneur ;
Si l’ange des combats nous donne la victoire,
Ils n’auront pas du moins leur part dans notre gloire !
Et nous ne verrons pas, libres triomphateurs,
Jusque dans nos foyers d’insultans protecteurs
Nous contraindre à souffrir que leur fière exigence
Exploite à leur profit notre reconnaissance,
Et nous force à payer, du fruit de nos succès,
L’avilissant traité d’une honteuse paix !
Dans deux jours au combat l’Espagnol vous appelle.
Qu’au rendez-vous guerrier chacun de vous fidèle,
Jure ici de garder, jusqu’au dernier effort,
Son poste de triomphe ou son poste de mort !

ALY.

Par le mépris qu’inspire et mérite un esclave ;
Par l’honneur, cette soif qui dévore le brave ;
Par l’éternel sommeil goûté dans les tombeaux ;.
Par le respect divin que l’on doit aux héros,
Nous le jurons ! S’il est un traître à la patrie,
Oubliant ce serment, dans son âme flétrie,
Dans un lâche repos s’il compte ses instans,
Que pour cacher sa honte il sorte de nos rangs,
Ou son cœur sentira le froid d’un cimeterre.

(Il tire son cimeterre.)

Mort ! mort aux Castillans ! voilà mon cri de guerre !
À ce cri, répété sur leurs corps expiraus,
La gloire répondra.

TOUS, en tirant leur cimeterre.

                                        Mort, mort aux Castillans !

BOABDIL.

Moi, comme votre chef, comme roi, je le jure !
Oui, mort aux Castillans ! mais opprobre au parjure !