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Pour l’accuser de haine, as-tu donc oublié
Que c’est d’après lui seul qu’ici j’ai confié
L’étendard de Grenade au chef abencerrage ?
Qu’Aly fut le premier qui, vantant son courage,
Montrant de nos succès un gage en sa valeur,
Ait fait pencher enfin les voix en sa faveur ?

ALY.

Épargne-toi, grand roi, le soin de me défendre
Du reproche insolent que j’étais loin d’attendre ;
Pour en être offensé, j’en fais trop peu de cas :
Un trait lancé par lui, tombe, et ne m’atteint pas.
Je me sens à l’abri d’une telle blessure ;
Au poids de l’offenseur on doit peser l’injure.

BOABDIL.

Gardes ! Abenhamet en ces lieux peut entrer.
Puisque dans ma justice en vain, pour m’éclairer,
J’ai cherché vos conseils, ma volonté suprême
Ne doit plus maintenant consulter qu’elle-même.
Quel qu’il soit, nobles chefs, respectez mon arrêt.
Gardez-vous !… Mais silence ! Abenhamet paraît.


Scène II.

BOABDIL, ALY, SÉIDE, ABENHAMET, Guerriers, Gardes.
ABENHAMET.

Oui, c’est Abenhamet qui, vous guidant naguères,
N’ose plus vous nommer du nom chéri de frères ;
C’est lui que, pour frapper du dernier de ses coups,
Le destin réservait à rougir devant vous.
Dans un homme avili, que son opprobre accable,
Ne voyez plus l’ami, regardez le coupable ;