Je le répète, il faut qu’Abenhamet périsse,
Et que chef ou soldat, instruit par son supplice,
Sache, dans son devoir, par l’effroi retenu,
Que même châtiment à même faute est dû.
Ma voix également dira que, généreuse.
De leurs nobles succès la patrie orgueilleuse,
Doit prodiguer ses dons à ses triomphateurs.
Oui, des tourmens au lâche, au brave, des honneurs ;
C’est ainsi que la loi doit s’expliquer.
Peut-être
De la peur, selon toi, le courage peut naître.
De ce magique effet tu te flattes en vain :
Le lâche d’aujourd’hui sera lâche demain.
Je ne crois pas non plus, ainsi que tu le penses,
Que nous ayons besoin d’honneurs, de récompenses ;
Si l’on admet qu’on puisse acheter la valeur,
Un guerrier viendra donc, en insolent vainqueur,
Marchander sur le prix qu’il veut de sa victoire.
Ah ! celui qui comprend tout ce que vaut la gloire,
Soit qu’il l’acquière en paix, ou la trouve aux combats,
La donne à son pays et ne la lui vend pas !
Mais vous, qui, sans pitié quand le destin l’accable,
Traitez Abenhamet ainsi qu’un vil coupable,
Est-il un seul de vous, quels que soient vos succès.
Pouvant ici jurer de ne faillir jamais ?
Et toi même, à sa place, Aly, pourrais-tu croire
Qu’on pût de ta valeur perdre ainsi la mémoire ?
Qu’un revers fût un crime et valût le trépas ?
Non, j’ose l’attester, tu ne le croirais pas.
Mais enfin, malgré toi, ta haine se déclare,
Et…
Jeune homme, ton zèle un peu trop loin s’égare :