Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/530

Cette page n’a pas encore été corrigée

Jamais, depuis le jour où l’ange de la gloire
Des rives de l’Afrique amena la victoire,
Où l’Espagne, soumise à des maîtres nouveaux,
Des enfans du désert arbora les drapeaux,
Jamais, dis-je, jamais, essuyant cet outrage,
Grenade, aux ennemis laissant ce noble gage,
N’avait encor perdu son étendard sacré.
Pour la première fois, un chef déshonoré,
Butin des Castillans, vient de voir sa bannière
De leurs camps à Jaën balayer la poussière.
Coupable de sa perte, il attend aujourd’hui
Le redoutable arrêt qui va peser sur lui.
Je sais qu’en ses décrets la loi, ferme, implacable,
Considère le crime et non pas le coupable.
Cependant, ne peut-on, rappelant ses exploits,
Mettre dans la balance et peser à la fois
La faute et les succès du chef abencerrage ?
Mais cherchez dans les temps, interrogez l’usage :
J’attends votre conseil avant de condamner.
Prononcez.

LES ZÉGRIS et LES VANÉGAS.

                    La mort !


LES ABENCERRAGES et LES ALABEZ.

                                      Grâce !


ALY.

                                                    Et pourquoi l’épargner ?
De motifs étrangers nos lois sans tenir compte,
Doivent faire la part de l’honneur, de la honte.
Ces inflexibles lois, sans répondre du sort,
Imposent à nos chefs la victoire ou la mort.
Si la gloire à Jaën eût servi son courage,
Sur un char triomphal, recevant notre hommage,