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d’acheter des bougies ; mais écoute ; je vais emmener ta bonne avec moi, et je vais t’envoyer un gros paquet de petites bougies [1] ; car, vois-tu, c’est demain que la nuit commence, et tu as raison d’être prévoyante pour l’avenir. Quand tu les auras brûlées, je t’en donnerai d’autres, ne t’en inquiète pas.

Le lendemain, le soleil se montra un peu. La joie qu’Élisa en éprouva fut si grande, elle qui s’attendait à ne voir que la nuit, qu’elle ne pourrait se comparer qu’à celle du marin qui vient d’échapper au naufrage.

La saison trop avancée ne permettait plus de sortir. Élisa, condamnée à passer à la maison toutes les heures qu’elle employait à se promener, et n’ayant d’autre occupation que ses jeux, trouva les journées longues ; et, pour abréger les heures dont elle ne savait que faire, elle me pria de lui apprendre à lire et à tricoter. Dès ce moment je fus à même de juger de toute la capacité de son intelligence. Elle ne mit que deux jours à apprendre ses lettres, grandes et petites ; pendant trois semaines elle fit des pro-

  1. Le paquet de bougies pesait une livre ; comme elles n’étaient longues que comme le doigt et grosses que comme un tuyau de plume, il y en avait une très grande quantité.