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Fantôme de cité, fatigué du tombeau,
À quelque nouveau peuple offrir une patrie,
Et des temples déserts à quelque Dieu nouveau !
Tu sembles au regard que ta présence étonne,
En montrant tes lambeaux d’antiques vêtemens,
        Comme une reine sans couronne,
        Comme une mère sans enfans.

Eh bien ! de tes fils morts, respecte la mémoire ;
De la ville d’Hercule, ô toi, la noble sœur,
Que t’importe un époux !… ton veuvage est ta gloire,
        Et ta ruine est ta grandeur !

Quels fils ont mérité de t’adopter pour mère ?
        Des palais qui chargent la terre,
Les maîtres ont donné des fers au Peuple-Roi ;
Sois jalouse aujourd’hui de ta noble misère,
Découvre avec orgueil ce qui reste de toi !

        Montre-nous la salle des fêtes ;
Montre-nous ces faisceaux, vieux gages de conquêtes,
        L’arène du gladiateur ;
Montre-nous la colonne à la tête abattue,
Qui semble regretter son antique hauteur,
L’autel abandonné du sacrificateur,
        Et le piédestal sans statue.

Le deuil du cœur jadis suivait-il l’autre deuil ?
Funéraires palais habités par des ombres,