Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/469

Cette page n’a pas encore été corrigée

vais les écrire sur les lieux mêmes ; là, les vers, je le sens, se placeraient sans difficulté sous ma plume… Par exemple, l’ode que je composerais à Florence ne serait-elle pas plus digne du Dante que celle que je composerai à Paris ? Ne décrirais-je pas d’une manière plus touchante à Ferrare que dans cette chambre l’amour qu’Eléonore d’Est inspira à ce malheureux Torquato, qui possédait à lui seul plus de génie qu’il n’en aurait fallu pour faire cinquante poètes ? Et lorsque je parlerais de la grandeur passée de Rome, s’il me plaisait de faire monter César au Capitole au milieu de ses quarante éléphans, chargés de flambeaux, ne me ferais-je pas mieux l’idée de cette pompe triomphale si je pouvais apercevoir l’espace que devait occuper ce cortège si grandiose ?… Enfin, il faudra que je voie tout des yeux de l’âme. Je t’assure bien pourtant que si je faisais les Vêpres Siciliennes en Sicile, je crois que j’y ferais entendre ce son de vêpres qui fut le signal du massacre des Français… C’est avec le secours de lord Byron que je me transporterai à Venise sur la place Saint-Marc, en face du palais du doge, pour faire tomber la tête de Marino Faliero… Enfin, comme on dit, du meilleur pain