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Je ne serais point parvenue, je crois dans ce moment, à calmer son inquiétude de l’avenir si je ne lui avais montré plusieurs chaloupes de mottes [1] que j’aperçus sur la rivière, et si je ne lui avais dit que les Montoirins qui les amènent n’ayant pas de bois dans leur pays ne brûlent que de cela. Rassurée sur la possibilité d’avoir toujours de quoi faire du feu, elle ne songea plus qu’à disputer au vent les restes épars de la dépouille des arbres. Légère comme les feuilles qu’elle poursuivait, le vent l’aurait inévitablement entraînée dans la Loire si je ne l’avais saisie au détour d’une cale très rapide vers laquelle venaient de se diriger de larges feuilles après lesquelles elle courait, et qui semblaient, pour exciter le désir qu’elle avait de les atteindre, se faire un malin plaisir de tourbillonner devant elle. On aurait dit qu’elles cherchaient à l’attirer vers l’élément qui allait

  1. Il se fait à Nantes une telle consommation de mottes que les Montoirins y amènent, qu’il n’est pas rare de trouver des ménages qui en brûlent des 30 et 40 milliers par an ; elles sont d’une grande ressource pour les malheureux ; elles valent de 6 blans à 3 sous le 100 ; elles ressemblent absolument aux petites briquettes que l’on a à Paris ; mais elles brûlent et font de la cendre comme le bois. C’est, je crois, la seule branche de commerce qu’il y ait à Montoire.