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vous ai écrit pour vous inviter à venir déjeuner, eh bien ! ne sachant si mon invitation pourrait vous parvenir dans ce monde-ci, j’ai été tenté de vous l’adresser dans l’autre… Voyons, coupable défendez-vous maintenant du mieux que vous pourrez.

— Et cela ne me sera pas bien difficile, docteur, répondit Élisa… D’abord, je commencerai par me débarrasser du reproche d’ingratitude qui m’afflige !… Si vous avez été tenté de m’adresser votre invitation dans l’autre monde, moi je serais tentée de croire que vous avez perdu la vue dans celui-ci ; car l’enveloppe qui recouvre mon cœur est si peu compacte qu’il suffit d’un coup d’œil pour voir qu’il n’a pas de place pour ingratitude… Et s’il suffit aussi de faire des vers pour prouver ma reconnaissance à ceux dont j’ai reçu un si touchant accueil, je vous dirai, docteur (mais prêtez-moi toute votre attention), qu’il y a aujourd’hui un an et huit jours que je suis à Paris ; que, sitôt mon arrivée, je me suis occupée de publier une seconde édition de mes poésies que j’ai, comme vous le savez, augmentée de six morceaux, dont deux seulement, à la vérité, ont été faits ici ; les autres datent de Nantes… que j’ai fait une tragédie