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entière et qu’elle se promit de suivre pas à pas. Cela lui était d’autant plus aisé que, se connaissant déjà très bien aux heures, elle pouvait à son gré épier la fuite du jour ; aussi, ne manquait-elle pas de calculer [1] toutes les minutes que la nuit lui dérobait ; c’eût été, je crois, un

  1. Dès l’âge de quatre ans, Élisa faisait de mémoire des calculs si extraordinaires que cela faisait dire à ceux qui se plaisaient à l’embarrasser par leurs questions qu’il fallait qu’elle eût la science infuse.

    — J’ai rapporté de mon voyage, lui dit un jour un capitaine de navire qui ne pouvait croire que l’on fît de très forts calculs à quatre ans, 1 202 100 fr., combien à 5 du 100 cela me rapporterat-il de rentes, ma petite Élisa ? Elle réfléchit quelques instans et lui dit tout en jouant avec sa poupée : — Cela vous rapportera 60 105 fr. — Et partagés entre mes quatre enfans, combien cela leur fera-t-il à chacun de fonds et de rentes ? — 300 525 fr. de fonds et 15 026 fr. 5 sous de rentes. — J’ai vu des choses bien étonnantes dans ma vie, ma chère petite, lui dit ce capitaine ; mais je n’ai jamais rien trouvé qui puisse t’être comparé. Le lendemain, il lui envoya une magnifique poupée avec un baril de sucre pour sucrer, lui écrivait-il, la bouillie de l’enfant à qui il la priait d’apprendre à calculer, et des confitures d’ananas pour la récompenser lorsqu’elle en serait contente.

    J’avais appris à Élisa, comme on fait à tous les petits enfans, à compter jusqu’à 100 ; seulement je lui avais dit que 1 fr. rapportait 1 sou de rentes, qu’il fallait 20 sous pour faire 1 fr., que 1 sou valait 5 cent, ou 4 liards, que le liard valait 3 deniers et le denier 1 oboles, et qu’il fallait dix fois 100 fr. pour faire 1 000 fr., et c’était là-dessus qu’elle basait tous les calculs qu’on lui demandait.

    Élisa était poète qu’elle n’avait jamais fait un seul calcul avec