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Sur le sol de l’exil et se traîne et s’arrête ;
Devait-il donc ainsi marquer son dernier pas ?

Quoi ! celui qui tremblait que pour son char rapide
Il fût trop peu d’espace en ce vaste univers,
Sur ses derniers instans lorsque Rome décide,
Serait enfin meurtri par l’empreinte des fers ?
Annibal courberait le genou comme esclave ?
Non ! je l’emporte encor, rivale que je brave !
J’expire sans défense, et meurs en t’échappant.
Vainqueur du vent fougueux qui l’agita sans cesse,
Pour jeter sur ton front une ombre vengeresse,
S’élève malgré toi mon laurier triomphant !

La mort en vain commande, et son muet abîme
Vainement sous mes pas s’entr’ouvre dévorant ;
À ce monde surpris je laisse un nom sublime,
Au-delà du Cocyte Alexandre m’attend.
Pardonne, ciel vengeur, à cet orgueil suprême ;
Pardonne à ce regard qui tombe sur moi-même.
Déjà, siècles futurs, de vos lointaines voix
J’entends les sons divins consacrer ma mémoire ;
Je meurs environné de mille aspects de gloire,
Des flots de souvenirs m’inondent à la fois !

J’ai voulu, j’ai marché ; réalisant naguères
De mon âme hardie un songe audacieux,