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Il chante, et ne craint pas le rire d’un Zoïle.
L’aigle échappe au venin que jette le reptile :
Rien n’empoisonne l’air que l’on respire aux cieux.
De sa lyre, en mourant, un soupir le console,
Et ce chant du trépas comme une âme s’envole
        Au séjour que cherchaient ses yeux.

Ainsi la mort obtient sous sa main égarée
Des sons nobles et purs d’une harpe sacrée :
De l’oiseau de Léda l’harmonie est l’adieu,
Et le voile mortel qui recouvrait Alcide
Se consume, brûlé par la flamme rapide,
        Quand du bûcher s’élance un dieu.

Dédaignant la faveur, cette idole éphémère
Pour laquelle un moment fume un encens vulgaire.
Il prélude loin d’elle à ses libres accens ;
Il dégage ses mains des chaînes de la terre :
Autrefois le malheur, en pesant sur Homère,
        Etouffa-t-il ses nobles chants ?

Mais par mille pinceaux la nature est tracée.
Ah ! les temps sont à Dieu, le monde à la pensée.
Quand les yeux de Milton n’avaient plus de regards
Au fond du souvenir moissonnant des images,
Il pensait, il chantait, en éclairant les âges
        D’un rayon de l’astre des arts.