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Dans les âges futurs toi qui vivrais, peut-être,
Laisseras-tu la tombe enfermer tout ton être ?
N’oseras-tu penser ? Faut-il qu’un joug de fer,
Appesanti sur toi, rétrécisse ton âme ?
Vois cet éclair brillant, son invincible flamme,
          Libre, jaillit au sein de l’air.

En imprimant tes pas loin des routes tracées,
Dans un immense espace égare tes pensées ;
Le laurier croît encore, et ton siècle t’attend.
Combats contre l’oubli, que ta gloire le brave ;
Un seul mot quelquefois rend l’avenir esclave,
          Mais un mot sublime et brûlant.

Invente ! immortalise un moment d’existence ;
Effeuille les pavots que jette l’ignorance ;
Des regards de ton âme embrasse l’univers.
Vole au sommet sacré t’abreuver d’harmonie :
Chacun de ces instans ravis à ton génie
          Est tout un âge que tu perds.

Quoi ! la vie est si courte, et de ses jours, qu’il pleure,
L’homme au gouffre des ans n’ose arracher une heure !
Son cœur d’un long espoir n’a-t-il donc plus besoin ?
Ah ! condamne le temps à reployer ses ailes ;
Que le burin, traçant les pages immortelles,
          Y grave pour toi : « Rien plus loin ! »