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Où la bouche perd le sourire ;
Et si le sein encor soupire,
C’est à l’image du passé.

Voici l’heure où le diadème
Du front des rois est détaché ;
C’est l’instant vengeur et suprême,
L’instant où, libre enfin lui-même,
L’esclave aux fers est arraché.

C’est le moment où l’espérance
Montre les cieux à sa lueur.
Déjà tu fuis, pâle existence,
Ton vol interrompt la souffrance
Comme il achève le bonheur.

C’est l’heure où la lyre sommeille,
Où l’inspiration s’endort ;
Où le cœur qui pense et qui veille,
Quand nul son ne frappe l’oreille.
Frémit sous l’aile de la mort.

C’est l’heure où le trépas nous cueille
Et glace la voix du désir ;
Où la fleur tombe feuille à feuille ;
Où notre âme, qui se recueille,
Fait ses adieux au souvenir.