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Mais bientôt cette voix qui me semblait la vie
Mêla de longs adieux à mou chant de départ.

Tout un an s’écoula : siècle entier pour l’absence !
Je revins… Sur sa tombe au retour je priai :
Je pleurai les momens qu’enchantait sa présence ;
Long-temps plein d’elle encor, je souffris… j’oubliai !

Combien tu m’effrayais, calme de ma vieillesse
Combien je redoutais d’exister sans amour !
Mais une âme de feu ne peut aimer sans cesse :
Le soleil n’est aux cieux que la moitié du jour.

Pourquoi donc le pleurer, ce délire éphémère ?
Silence aux vains regrets qui flétrissent le cœur !
Alors qu’il va finir ses rêves sur la terre,
Le paisible vieillard n’a-t-il pas son bonheur ?

Le remords ne vient plus condamner ce qu’il pense,
Son regard n’entrevoit qu’un moment d’avenir ;
Mais qu’importe à son âme une longue espérance ?
Qu’importent quelques jours ? ne faut-il pas mourir ?

Tour à tour le destin, orageux et tranquille,
Conduisit ici-bas son esquif balancé ;
Et le suprême instant, pour le vieillard débile ;
Est le dernier oubli, lorsque tout est passé.


(Février 1827.)