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Un moment du bonheur je respirai l’essence ;
Sur sa perte bientôt une larme coula,
L’infidèle bonheur loin de moi s’exila ;
Mais il fuyait en vain, je le rêvais encore.
Tel, lorsque nuançant la toile qu’il colore.
En fixant les doux traits que l’amour a connus,
Le pinceau fait revivre un objet qui n’est plus ;
Telle, pour rappeler sa légère présence,
Ma pensée en parlait : il n’était plus d’absence,
Quand le pressentiment vint me faire pâlir ;
Je n’osai plus rêver, et j’appris à souffrir.
À l’heure où le jour cède à l’ombre qui s’incline,
Lorsque je descendais la penchante colline,
Ma main, pour écarter comme un poids de douleur.
Involontairement se posait sur mon cœur.
Il me semblait entendre une voix inconnue
Murmurer quelques sons ; je m’arrêtais émue ;
Et ce n’était, hélas ! que le passager bruit
De la feuille qui tombe ou du vent qui gémit.
Je m’asseyais alors, et j’écoutais, pensive,
Le triste et doux soupir de la brise plaintive.
Mais pourquoi donc ainsi m’arrêté-je souvent ?
Pourquoi, tout effrayée, écouté-je en tremblant ?
Eh bien ! c’est qu’une vague et funeste pensée
Passe, accablant fardeau, sur mon âme affaissée ;
Et qu’attristant mon cœur, la voix de l’avenir
De la fuite des jours tout bas vient m’avertir.
O lyre ! en exhalant l’adieu de l’harmonie,