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Penser fut admirer : combien avec transport,
Brillante des baisers de l’astre aux reflets d’or,
Il contemple, charmé, la terre épanouie,
Qui semble éclore enfin au souffle de la vie.
Il marche : à chaque pas de sublimes beautés
Réclament ses regards doucement enchantés.
À sa pensée, alors, et hardie et profonde,
Tout vient de révéler qu’il est le roi du monde.
Les exilant aux pieds d’un roi plus grand encor,
L’aile de la prière, en son magique essor
De sa voix répétant les divines louanges,
Unit les chants nouveaux à l’hymne saint des anges.
Heureux dont la pensée, ainsi qu’aux plus beaux jours,
Est au temps des malheurs pure et libre toujours.
Mais lorsque le remords, comme un voile funeste,
S’étend sur la clarté de ce flambeau céleste,
Malheureux qui, plongé dans un calme trompeur,
Croit imposer silence aux reproches du cœur.
Semblable aux traits brûlans que recouvre un nuage,
Dans le fond de son âme il enferme l’orage.
Il semble encor presser la coupe des plaisirs,
Mais sa pensée est là ; de cruels souvenirs
Veillent pour l’y poursuivre ; et l’accablant sans cesse,
Dans son sein est la mort, sur sa bouche est l’ivresse.

En s’éveillant jadis, quand mon vague désir
Sous des roses cachait un riant avenir,
Crédule et me berçant de songes d’espérance,