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Délicieusement guide un brûlant crayon ;
Là, sa lyre prélude à sa noble harmonie,
Là, des illusions s’éveille la magie :
Sa vie est suspendue, et dans le sein des bois
L’Enthousiasme parle. Attentive à sa voix,
Sublime, et s’élevant de mystère en mystère,
La pensée est aux cieux, quand l’homme est sur la terre.
Bien loin de mes regards tous ces riants tableaux !
Que de moins doux objets s’offrent à mes pinceaux !
J’aime, lorsque la nuit du jour redit l’absence,
Tour à tour écouter le bruit et le silence.
Un nuage a caché le bleu pâle des cieux :
Appelant le sommeil à sons lents et pieux,
La cloche qui se plaint au lointain presbytère
Jette la dixième heure à l’écho solitaire.
Viens, Méditation, viens donc, voici l’instant ;
Mon âme te désire, et t’appelle, et t’attend.

La nocturne rosée apportant la froidure,
A des rameaux en fleurs rafraîchi la verdure.
Le nuage s’éloigne, un paisible rayon
Brille timidement en glissant au vallon.
Le saule qui s’incline et fait trembler son ombre.
Sur le gazon mouillé, tour à tour clair et sombre,
Agité faiblement, et s’émeut, et gémit,
Et l’inspiration descend à ce doux bruit.
Ah ! puissent tous les sons de l’hymne qui commence
Monter vers le séjour où s’enfuit l’espérance.