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        La mienne colorait un songe
        D’un reflet de la vérité ;
Mais rêver vos succès n’était pas un mensonge ;
Et vous me répondrez de la réalité.

Les flots avec lenteur venaient frapper la plage,
Dans les champs de l’éther brillait un seul rayon,
Et déjà, se courbant au lointain horizon,
Les ombres s’inclinaient sur l’antique rivage.
Là, chancelante Grèce, en tes jours solennels
La gloire, des tyrans l’implacable ennemie,
En pleurant les malheurs de sa noble patrie,
À creusé le tombeau de trois cents immortels.
Mais que viens-tu chercher dans le désert immense,
Où veille maintenant le triste oiseau des nuits ?
Il crie, et, de sa voix effrayant le silence,
Paraît fier de régner sur ces muets débris.
Le silence ! toujours… seul je pressais la terre
Qui depuis si long-temps pèse sur leur cercueil.
Tout reposait, hélas ! et le flot solitaire
Paisible s’approchait pour dormir sur l’écueil.
Là, vainement l’oubli voulait jeter un voile
Sur un long souvenir qu’il croyait effacé ;
L’Hellénie à mes yeux était comme une étoile
Promenant sa lueur dans la nuit du passé.

Quel est ce bruit léger qui près de moi résonne ?
        Serait-ce une haleine des mers ?