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yeux que s’est déroulé son génie ? qu’il a grandi noble et beau ? Et qui pourrait, sans en avoir comme moi suivi pas à pas tous les développemens, donner le tableau exact des nuances si variées qui le composaient ?

Quelque assurance que donne la vérité à celui qui fait entendre son langage, je ne serais cependant pas sans inquiétudes sur l’accueil que recevront les Mémoires et les Notices que j’ai écrits sur la vie de ma fille, si l’onction de sainte pitié qui s’est répandue sur moi depuis sa mort ne m’avait révélé que la voix du cœur est toujours entendue… Ah ! si du fond de sa tombe Élisa pouvait te faire entendre la sienne, lecteur, elle te dirait : Prends pitié de ma pauvre mère, elle est bien malheureuse ; je l’ai laissée sans enfans, sans appui sur la terre. Oh ! ne la repousse pas lorsque, les yeux baignés de larmes et le cœur gonflé de soupirs, elle viendra te parler de la fille si chère qu’elle a perdue… Rappelle-loi, lecteur, que cette fille qui fait aujourd’hui couler ses larmes, et qui autrefois embellissait sa vie, est cette même Élisa Mercœur que tu accueillis avec un si bienveillant empressement.