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Le paisible nocher s’approchait du rivage,
Des roses s’exhalaient une mourante odeur,
Et les arbres émus balançaient leur feuillage
Sur le flot qu’entr’ouvrait la rame du pêcheur.


Long-temps encor, lune charmante.
Étincelle au pâle horizon ;
Du mystère timide amante,
Jette dans l’onde transparente
Le blanc reflet de ton rayon.

Qu’égaré sur l’humide plaine,
Tranquille, agité tour à tour.
Un souffle propice ramène
Cette voile qu’effleure à peine
La dernière haleine du jour.

Les flots ont embrassé la rive :
À la fenêtre du manoir
La vierge inquiète, craintive,
Vient, et s’assied toute pensive,
Pour goûter la fraîcheur du soir.

Elle se penche, sur sa lyre
Égare sa tremblante main,
Jusqu’à l’heure où la nuit expire,
Où du tendre oiseau qui soupire
Les chants annoncent le matin.