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point été adressées, m’a-t-on dit, si on pouvait seulement supposer qu’à mon âge il fût possible d’idéaliser son style. S’il s’agissait d’un roman où la vérité ne dût être jetée que comme un épisode pour y semer de la variété, on aurait eu raison, je le sens, de m’empêcher de l’écrire ; mais dans les renseignemens que je viens donner sur ma fille, la vérité s’y trouve dépouillée de toute fiction ; c’est Élisa Mercœur dans sa simplicité, sans aucun ornement, c’est enfin la relation de son voyage dans la vie où seule je l’accompagnai, que je viens, à travers un déluge de larmes, livrer à la curiosité du public. Ah ! si après l’avoir lue, les plus sévères critiques se trouvaient en face de ma douleur, s’ils voyaient la sueur ruisselant de mon front se joindre aux deux ruisseaux de larmes qui coulent constamment le long de mes joues creusées par la souffrance, il n’en est pas un seul, oh non ! pas un qui, en me serrant la main, ne me dit : Pauvre mère, que je vous plains ! quelle tâche pénible vous avez à remplir ! Mais du courage ; parlez, parlez surtout sans crainte, car nos cœurs entendent le vôtre… Oui, je parlerai, j’userai du privilège que me donne mon malheur de faire connaître la fille si chère que j’ai perdue. D’ailleurs, n’est-ce pas sous mes