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À celui qui gémit sur l’objet qu’il adore
Comme un dernier espoir l’avenir reste encore ;
              Il se dit : « Elle est là !
« La mort, c’est le matin d’une céleste vie :
« Au tranquille séjour qu’habite mon amie
              Son amant revivra. »

Mais toi, dont l’art charmant décela comme on aime,
Qui, dépeignant l’Amour, te retraças toi-même,
              Doux chantre du plaisir,
Dis, quel fut ton destin ? L’exil et la misère !…
Seul avec des regrets sur la rive étrangère
              Il te fallut mourir.

Au moins, dans ton exil, si loin de l’Italie,
Tu possédais ta lyre, et sa corde amollie
              S’humectait de tes pleurs.
Oui, sur ton luth monté par la Mélancolie
Tu soupiras long-temps, en pensant à Julie,
              Ta flamme et tes malheurs.

La Mort vint te briser, douce lyre d’Ovide :
Alors son nom vola, comme un aigle rapide,
              À la postérité !
Ah ! suivons, s’il se peut, les belles d’Aonie ;
Qu’importe un jour de pleurs ! L’avenir du génie
              Est l’immortalité !


(Mai 1826.)