Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/254

Cette page n’a pas encore été corrigée


Heureux qui, jouissant d’une fraîche existence,
Plein d’amour, de candeur, de calme et d’innocence,
              Attend son avenir.
Alors, au lendemain, une jeune pensée,
Vers un monde enchanteur bien souvent élancée,
              Attache un souvenir.

Le cœur est un miroir où se peint notre vie ;
Chaque objet s’en éloigne, et le miroir oublie
              Ce qu’il a retracé.
Bientôt cet avenir, ce destin qu’on ignore,
Déchirant le bandeau qui nous le cache encore,
              Ne sera qu’un passé.

Si tu veux que, semblable au torrent qui s’écoule,
Ou comme un horizon, à tes yeux se déroule
              Ton sort mystérieux,
Mortel, que tes regards s’arrachent à la terre,
Que d’un soleil divin un pur rayon t’éclaire :
              Cherche-le dans les cieux !

Mais, avant de le voir, interroge ton âme.
Silence… Écoute-la ! peut-être elle réclame
              Un juste repentir.
Eh bien ! voile tes yeux : si le matin de l’âge
Est encor dans ton cœur comme une douce image
              Contemple l’avenir.