Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dieu vous en accabla, et toutes les souffrances qu’elles ont jetées dans votre cœur. Mais si vous les empêchez de satisfaire la soif insatiable qui les presse de se mettre en évidence, s’ils sont obligés de renoncer à l’espérance d’exploiter vos malheurs à leur profit, alors ils donnent la torture à votre cœur en vous menaçant de la critique qu’ils vous représentent toujours armée et sans indulgence pour celui qui ose prendre la plume sans être porteur d’un brevet de talent sanctionné par les applaudissemens de la foule. Si je n’espérais que les raisons qui m’ont forcée d’écrire les Mémoires sur la vie de ma pauvre enfant désarmeront en ma faveur cette critique dont on s’est plu à me faire peur, j’irais demander au noble cœur de ceux qui, voulant me donner un témoignage de leur estime pour la mémoire de ma fille, de leur sympathie pour mon malheur, se sont empressés de souscrire à ses œuvres, de plaider la cause de la mère d’une jeune muse dont les vertus et le génie ont laissé un si doux souvenir dans la mémoire des hommes.

Toutes les observations si dures qui m’ont été faites par quelques personnes, et qui m’ont abreuvé de dégoûts et de craintes, ne m’auraient