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un pesant fardeau pour qui la porte sans espérance de pouvoir s’en décharger, lors même que son poids accable. Oh ! si la vie pouvait payer la vie, Élisa Mercœur serait pleine d’existence, et sa mère reposerait dans la tombe ; mais non, rien ne pourrait ranimer sa froide cendre, et je dois vivre pour souffrir et la pleurer, jusqu’à ce que le Ciel, touché de mon isolement et de mes larmes, ne consente à me réunir à elle… Plus heureuse que moi, Élisa s’est vue exaucée dans ses vœux : elle avait demandé à Dieu de ne pas mourir la dernière, et pourtant elle eût trouvé dans sa jeunesse et son génie les forces qui me manquent pour supporter notre séparation.

Devenue, depuis sa mort, l’objet de la plus tendre compassion, j’ai vu plus d’une fois les yeux de qui traverse la vie en riant et en chantant, se remplir de larmes à l’aspect de mes souffrances… Puissent ces souffrances, qui font de tous mes jours un supplice continu, engager le lecteur à parcourir avec une bienveillante indulgence les détails que je me suis vue forcée de lui donner sur la vie si pleine et si rapide de ma pauvre enfant ! Car je n’aurais point osé les ajouter à ses œuvres, ces détails qui déchirent mon cœur, si, quelques jours avant que son