— Eh ! pourquoi, s’il vous plaît, vous y opposeriez-vous ? lui dit-elle. Elle vit bien qu’il ne se doutait pas qu’Élisa était celle qu’elle lui proposait.
— C’est qu’il ne serait pas décent qu’une mère donnât une demoiselle poète pour maîtresse à ses filles ; il est des préjugés, voyez-vous, qu’il faut savoir respecter. Si c’étaient des garçons, je ne dis pas, encore j’y regarderais à plus de quatre fois, mais des filles »
Élisa froissait la robe à poupée dans ses mains ; la sueur me ruisselait du front, la dame était au supplice.
« Je crois, monsieur, lui dit-elle, en poussant avec humeur le métier sur lequel elle travaillait, élever ma fille avec autant de décence que vous élevez les vôtres, et je crois aussi savoir respecter les préjugés tout autant que vous le faites, cependant je vous avoue que je ne crois pas les fronder en donnant mademoiselle Mercœur pour maîtresse à Célina. Je n’ai qu’une fille, mais si j’en avais plusieurs, je puis vous assurer que je ne leur choisirais pas une autre institutrice, tant je suis convaincue que mademoiselle Mercœur possède tout ce que l’on peut exiger dans les personnes qui exercent une telle profession. »