et, cela fait, elle écrivit la lettre suivante à M. de Chateaubriand, en lui adressant un volume de ses poésies.
« Monsieur le Vicomte,
« Doit-elle espérer son pardon, celle qui, sans avoir obtenu votre aveu, ose aujourd’hui vous dédier ses faibles essais ? Femme, jeune et Bretonne, elle a cru que ces trois titres auraient peut-être quelques droits à la bienveillance de l’illustre écrivain que la Bretagne a vu naître, que la France contemple avec un si juste orgueil. Sans fortune, sans conseils, loin du monde, dont ma pauvreté m’exile, loin des modèles dont j’ai tant besoin, j’ai pensé, Monsieur, qu’oubliant l’intervalle qui existe entre nous, vous daigneriez vous pencher vers moi et m’aider à m’élever en me tendant une main tutélaire. Me serais-je trompée en espérant cette noble protection ? Et tout cela, Monsieur, ne serait-il qu’un songe ? Ah ! grâce pour mon erreur, si c’en est une ; mais il me semble que le plus doux apanage du génie est de pouvoir d’un sourire assurer le bonheur de ceux qui l’implorent. Du moins, Monsieur, qu’un mot, un seul mot m’apprenne si votre