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pitoyablement critiquée par M. E. S. de Rennes, qui adressa sa critique à M. Mélinet, avec prière de la faire paraître dans son Lycée armoricain ; mais M. Mélinet, qui a l’âme aussi noble qu’il a le cœur bon, sentant bien qu’il ne pouvait être à la fois et protecteur et délateur d’Élisa, ne fit point paraître la critique de M. E. S., qui était dans les termes les plus injurieux et pour le talent et pour la personne d’Élisa qu’il ne connaissait pas [1]. M. E. S. y disait en parlant de sa pièce de l’Avenir : « Quel est donc ce galimatias, ce fatras de vieilles pensées rafraîchies que mademoiselle Mercœur vient nous donner pour du neuf, etc., etc., etc. » Et, à l’en croire, les dernières strophes de cette pièce étaient les

  1. M. E. S., ayant eu occasion de venir à Nantes, et désirant connaître la jeune fille qui avait été l’objet de sa critique, se présenta à la maison avec un jeune homme qui venait y acheter un volume de poésies. Comme M. E. S. ne fit que saluer en entrant et en sortant, Élisa et moi nous le prîmes pour un sourd et muet de naissance, ce dont nous le plaignions beaucoup. Ce n’est que depuis notre séjour à Paris que nous apprîmes par un de ses amis, à qui il avait raconté sa singulière visite, que le silencieux monsieur était M. E. S. de Rennes.

    Six mois ou environ après notre arrivée dans la capitale, M. E. S. envoya, par la voie de M. Mélinet, à Élisa un volume des pensées de trois jeunes femmes qu’il avait recueillies lorsqu’elles les confiaient à la brise du soir sans se douter du larcin que M. E. S. leur faisait.