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de figurer parmi les écrivains qui embellissent de leurs pensées votre Lycée.

— Vous avez si peu de choses à faire pour cela, mademoiselle, que je suis persuadé que mes abonnés ne tarderont pas à vous applaudir. Quel âge avez-vous, mademoiselle ?

— Seize ans et deux mois, monsieur.

— Seize ans ! Comme à cet âge on voit tout en beau, n’est-ce pas ? comme l’avenir apparaît brillant !

— Oui, pour ceux qui, pouvant se moquer de ses caprices, se plaisent à le parer de toutes les illusions de leur imagination ; mais pour celui qui attend tout de ses faveurs, il perd beaucoup de son éclat, je vous assure ; et, dans la profession que j’exerce, j’ai déjà bien eu à souffrir de ses capricieuses boutades.

— Et puis-je vous demander, mademoiselle, quelle est la profession que vous exercez ?

— Celle de l’enseignement, monsieur.

— Quoi ! à votre âge, mademoiselle !

— Il y a déjà bien long-temps, monsieur ; depuis plus de quatre ans je donne des leçons de français, d’anglais et de géographie, et lorsque, pour vivre, il faut attendre le produit de ses leçons, on n’est pas toujours à l’aise ; les