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emporter mes vers avec moi, et j’entrerai lui demander s’il voudrait avoir la bonté de me les insérer dans le feuilleton du Journal de Nantes. »

M. Mélinet, surpris de la démarche d’une jeune fille qui, dans son enthousiasme poétique, venait avec toute la candide et naïve confiance de son âge le prier de publier les vers que lui avait inspirés la délicieuse voix de la cantatrice qui avait débuté la veille, les prit, les lut et les relut avec attention ; et, levant les yeux sur leur jeune auteur qui attendait sa réponse en silence :

« Vous désirez, n’est-il pas vrai, mademoiselle, que je fasse connaître vos vers dans mon journal ?

— Oui, monsieur ; est-ce que vous ne les trouveriez pas bien ?

— Pardonnez-moi, mademoiselle, je les trouve bien, très bien pour un début, lui dit-il d’un ton de voix tout-à-fait paternel, car M. Mélinet est le meilleur des hommes ; mais vous ferez mieux encore, oui, beaucoup mieux, le feu qui brille dans vos yeux m’en est un sûr garant ; et si vous voulez l’essayer, vous ne tarderez pas à vous convaincre que j’ai raison de vous parler ainsi. Dans deux jours, mon journal apprendra