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sait que natter et dénatter ses longs et touffus cheveux noirs dont elle me couvrait toute la figure lorsqu’elle les rejetait en arrière. Inquiète, je lui demandai si elle était malade : « Moi, point du tout, je t’assure, maman, » me répondit-elle.

Elle l’était alors sans le savoir, car son pouls que je consultai m’apprit qu’elle avait une fièvre des plus fortes. Il battait avec tant de vitesse qu’il m’aurait été fort difficile d’en pouvoir compter les pulsations ; son cœur battait à l’unisson, mais la pauvre enfant ne s’apercevait de l’agitation ni de l’un ni de l’autre.

« Si tu n’es pas malade, ma chère mignonne, qu’est-ce qui t’agite donc ainsi ?

— C’est que je veux faire des vers sur la chanteuse que nous avons entendue… Mon Dieu ! maman, que sa voix est touchante !… Tiens, je vais me lever.

— Mais, est-ce que tu es folle, Élisa ? Dors, tu feras des vers demain, ma fille.

— Oh ! c’est pour le coup que je serais malade si j’attendais jusqu’à demain. »

Et sautant aussitôt en bas du lit, elle me dit :

« Le sort en est jeté, je vais rimer. »

Elle alla d’abord dans la salle à manger, ou-