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Ou descends sur la terre avec un noble essor,
Pour peindre avec succès celui que je t’indique.

Par ce signalement tu pourras reconnaître
Celui qui de mon cœur ne saurait s’effacer.
Ma faible main, hélas ! va tâcher d’ébaucher
Le seul et vrai sujet digne d’un si grand maître.

Il n’exista jamais un ami plus sincère ;
Tu sais des malheureux qu’il est le ferme appui,
Et que les orphelins croient retrouver en lui
Tout ce qu’ils ont perdu, la tendresse d’un père.

Je crains peu désormais ma mémoire infidèle,
Raphaël a saisi jusques au moindre trait ;
Aurait-il pu d’ailleurs achever son portrait.
Si sa main des vertus ne l’eût fait le modèle ?

Et toi, peintre charmant, et toi, peintre fidèle,
Que ma reconnaissance ombre bien ton tableau ;
Elle seule, en ce jour, doit guider ce pinceau
Qui te fit couronner d’une palme immortelle [1].

Quelque temps après qu’Élisa eut écrit les cinq stances ci-dessus dont elle avait été fort

  1. Lorsqu’Élisa devint poète et qu’elle relut les stances qu’elle avait faites sur M. Danguy, elle me dit en me les montrant : « Il faut convenir, maman, que voilà un portrait qui est une bien mauvaise croule ; de même, je crois qu’il faut plus qu’une toile, des couleurs et des pinceaux pour faire un tableau, il faut aussi plus qu’une plume, de l’encre et du papier pour faire des vers ; et dans ceux-ci il n’y a tout juste que cela, et pourtant il y avait de quoi bien faire. Je ne crois pas réellement qu’il soit possible de trouver de la reconnaissance plus mal exprimée. Enfin, je n’avais