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Mais, pieuse, avant de souffler sa lampe,
Son regard admire au mur une estampe
Où l’on voit la Vierge et l’enfant Jésus,
Le serpent dessous, le nimbe dessus.

« O pleine de grâce ! ô Vierge des vierges !
Mon âme à jamais sera l’un des cierges
Allumés devant votre pâle autel !
Aucun souffle issu du monde mortel
N’inclinera l’âme au ciel dirigée,
Hors de la paisible et blême rangée.
Loin du cloître obscur, disent les échos,
Dans la plaine et dans les bois musicaux
Il est des rayons, des ailes, des roses ;
Mais nous réprouvons la beauté des choses,
Car le Diable en fait, à l’occasion,
Un commencement de perdition. .
Au couvent parfois les pensionnaires
Tiennent des propos extraordinaires :
Bals et fiancés sont leur entretien ;
Le Malin les trompe, et nous savons bien,
Nous qui vous gardons des âmes sans taches,
Que les démons seuls portent des moustaches.