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— Morte ? non, prêtez-moi l’oreille, ouvrez les yeux.
J’étais morte en naissant, mais ce jour me délivre,
Et mille nouveaux-nés ont moins d’heures à vivre
Que je ne compterai de siècles dans les cieux !

— Tu vis ! qui l’a permis ? Par quels juges absoute.
Offenses-tu mon seuil de ton pied criminel ?
Ô Seigneur ! n’est-il plus de lois dans Israël ?
Ô peuple ! n’est-il plus de pierres sur la route ?

— Un nouveau laboureur ensemence les champs
Le Fils pardonne à ceux, que le Père châtie,
Et pour que son Église, un jour, en soit bâtie.
Les cailloux du chemin ne seront plus méchants.

Il a dit : « Qu’il lui jette une première pierre,
« Celui-là d’entre vous qui vécut sans péché ! »
Un scribe qui tenait un pavé l’a lâché ;
Et sur les pieds du Christ j’ai béni la poussière.