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Nous passons ! Dans les cieux sans limite agrandis
S’échelonnent encor des villes, paradis
Plus parfaits et peuplés de plus sublimes hôtes,
Suivant qu’ils sont placés en des zones plus hautes.
Mais, parmi tant de seuils sacrés, il n’en est pas
Un seul qui soit égal à l’orgueil de nos pas ;
Le besoin de la vie extrême nous dévore ;
Et nous montons, plus purs si nous montons encore !

Tout s’enfuit. Les Edens, les Cieux, ont-ils été ?
Plus rien.

                     L’espace immense.

                                                     Au fond, une clarté
Terrible ! et qui, semblable à quelque aimant avide,
Nous attire, éperdus, à travers tout le vide.
Nous allons. Elle s’enfle, et devient, de flambeau,
Fournaise ! le levant qui s’empourpre est moins beau.
Puis, des chaleurs. Nos corps sentent par chaque pore
Suinter de l’ombre, reste impur qui s’évapore.
Nous sommes nus. Le rouge et chaud rayonnement
Pénètre dans nos chairs plus immédiatement.