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Et, vieillards, sur des fronts chargés de cent années,
Mêlant des cheveux gris à des roses fanées,
Les uns, comme on verrait entre des bras d’amant
Le jeune époux tenir l’épouse au corps charmant,
Enlacent d’une étreinte éperdue un squelette
Qu’à leur lèvre céda la dent de la belette,
Et baisent, enivrés d’amour dans un cercueil,
Le trou qui fut la bouche et le trou qui fut l’œil ;
Dans un bosquet qui voit sous les pleurs des cascades
Se jouer des guenons au lieu d’hamadryades,
D’autres, priapes fous, sans aucun vêtement,
Mais de la tête aux pieds velus horriblement,
Presque animaux, scandant leurs cris d’infâmes gestes,
Environnent d’un chœur de danses immodestes
Des torses de venus faits d’excréments durcis.
Et tous portent la joie en feu sous leurs sourcils,
Car tel est le Désir dont ces Ames sont faites
Qu’étant dans l’infamie elles sont dans les fêtes !
Mais voici : pour avoir tenté nos fronts élus,
Les vieillards débauchés, les priapes velus,
Comme par la fenêtre on jette des ordures,
Seront précipités en des géhennes dures.
Plus d’amours ni de jeux. Fainéants, au travail !