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Par nous, vous connaîtrez, Ames longtemps dupées,
L’extase de sentir entre ses mains crispées
Courir les flamboîments de l’or torrentiel :
Anges ! vous compterez, pièce à pièce, le Ciel ! »

L’abîme tentateur renforce ces voix gaies
Par des écroulements somptueux de monnaies.
Un autre appel s’élève, et c’est une chanson
Qui nous émeut d’un tiède et violent frisson
Comme le veut du sud chauffe et tord des voilures.

« Montez vers eux, parfums légers des chevelures,
Et vous, bruits doucereux des caresses, montez
Avec le clair éveil des rires chuchotes !
Enseignez-leur l’amour, seul reposoir propice
Où la fatigue d’être immortel s’assoupisse,
Et ce léthé, stagnant endormeur des desseins,
Qui gît dans l’intervalle adoré des beaux seins.
Langueurs lasses du lit, soupirs, caresses nues,
Doux néant, soyez-leur des ivresses connues,
Et qu’ils sachent, heureux de se désabuser,
Ce que l’Enfer a mis de ciel dans le Baiser ! »