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Apporte jusqu’aux cieux spirituels l’insulte
De l’orageux Enfer qui dans sa haine exulte !

« Maîtres des lâchetés et seigneurs des effrois,
Nous sommes les héros, les papes et les rois !
Broyés sous nos talons, du sang de leurs blessures
Les peuples résignés empourprent nos chaussures ;
Et Dieu s’écroulerait s’il n’avait pour appui
Notre divinité par où l’on croit en lui.
A nous le Sceptre, à nous la Crosse irréfutable !
Mais au banquet splendide où notre orgueil s’attable
Deux princes manqueraient si vous étiez absents,
Jeunes Anges ! »

                               Ainsi nous tentent les Puissants.

« Les Sceptres, qu’on les fonde ! et vendez les Tiares !
Hurle à son tour la voix mauvaise des Avares,
Cri plus âpre, monté d’un enfer plus obscur.
L’or est beau, l’or est bon, l’or est grand, l’or est pur !
Plus puissant que la Force et l’Orgueil, et plus sage,
Il a, Dieu virtuel, le mépris de l’usage,
Et dans tout homme ayant amassé des tas d’or
N’allume que l’amour d’en amasser encor.