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Partageant leurs travaux, leurs jeux et leurs repas,
Ainsi que l’homme vit avec l’homme ici-bas.
J’ai la Sagesse et j’ai l’Amour : j’aurai la vie.
Nuit dernière, d’un jour perpétuel suivie,
O mort ! par qui les yeux se ferment dans le temps
Et dans l’éternité se rouvrent, je t’attends
Comme un homme inquiet va guetter au passage
L’ami qui doit venir, porteur d’un bon message ;
Et de ce remûment plein d’un captif essor
due l’approche d’un souffle imperceptible encor
Communique à la voile, à l’arbre, à la broussaille,
Mon être intérieur infiniment tressaille.
Crépuscule ébloui de devenir le jour,
J’apparaîtrai sous la forme de mon Amour !
Car, pour le Ciel auguste ou pour l’Enfer immonde,
L’homme engendre sa chair future dès ce monde,
Et la verra, selon l’objet dont il s’éprit,
Splendide ou ténébreuse, éclore de l’esprit.
En des candeurs de neige, en des ardeurs de flamme,
Où, sensible, vivra la beauté de mon âme,
Je serai tout mon rêve enfin substantiel ;
Et puisque l’hyménée est le vrai nom du Ciel,
Puisque deux amants purs, que l’intime mystère