Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
MÉPHISTOPHÉLA

lourdeur du corps qui s’abandonnait, elle pensa que peut-être le comte ne vivait plus. Il tomba tout de son long sur les dalles comme s’abat une planche et, après quelques râles, expira.

Ce fut plus tard une question fréquemment agitée entre la tante et la nièce, de savoir ce qui avait causé cette mort subite. Phédo disait : « Sûrement, tu l’as étranglé. » Mais Mme Sylvanie objectait : « Bon, c’est à peine si je l’ai touché ! il devait avoir une maladie de cœur, et l’effort, l’émotion, crac ! plus personne. »

D’abord, cet accident les troubla ; il n’alarma pas moins l’italien Luberti qui avait tout à fait lié ses intérêts à ceux des deux Parisiennes. Que les gens de justice s’inquiétassent de la mort du comte, c’était peu probable ; il y avait si longtemps qu’il était malade ! puis, enfin, elles étaient innocentes. Mais le certain, c’était que la brusquerie de ce trépas rompait leurs projets. Tchercélew ne se relèverait pas pour tester en leur faveur ! et, de l’invention de Phédo qui, dans l’espérance d’une succession, peut-être d’un mariage, avait osé une espèce d’abominable viol, il ne résulterait qu’un enfant sans père ; elle dit : « Comme ça, c’est moi qui ai eu et qui aurai toute la peine, sans profit ». Mais ils n’étaient point gens à se décourager. Au défaut de ce