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MÉPHISTOPHÉLA

inscrit dans le testament du comte Tchercélew. Elles partirent donc pour la Finlande avec les domestiques ; le maître devait les rejoindre bientôt, ses affaires mises en ordre. Il ne les rejoignit pas. Au milieu d’une dernière fête, une quinte de toux, dont il fut pris ivre-mort, lui décrocha la vie du ventre, et il rendit l’âme dans un vomissement. Les deux femmes n’apprirent cet accident que déjà arrivées en Finlande. Il leur fut pénible ? sans excès, puisque l’ancienne ouvreuse était sûre du testament ; et Phédo s’écria : « Bon ! c’est fini ! en route pour le Boulevard du Crime ! » Mais Mme Sylvanie n’était pas une personne disposée à se satisfaire d’une modeste aisance. Qu’est-ce qu’elles auraient, après le testament ouvert, en comptant la somme déposée à la Banque ? six ou sept cent mille francs, pas davantage ; elle était ambitieuse, elle voyait grand ; si elle revenait jamais à Paris, ce serait pour y briller ! elle répondit à Phédo : « Filer ? es-tu bête ! eh bien ! et l’héritier ? » Il y avait un héritier, en effet, le fils unique du comte Tchercélew, jeune, trente ans, qui, infirme dès sa naissance, n’avait jamais quitté ce château de Finlande, demeure de ses plus vieux ancêtres.

Tout le jour, vêtu de fourrures noires d’où