Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
51
MÉPHISTOPHÉLA

les nuées ; puis, tomber, cela ne ferait rien, puisque je te rattraperais vite, et, si tu étais fatiguée, je t’enlèverais entre mes ailes, et de temps en temps, nous nous arrêterions à quelque étoile, pour nous reposer. »

Le matin de la cérémonie, un ruisselant soleil, à travers les vitraux, incendiait çà et là l’église où les communiantes, en deux files, sans bouger, s’épanouissaient évasées et blanches, en leurs mousselines empesées, comme des chardons en fleur régulièrement plantés. La plupart d’entre elles, sur des faces rouges soit à cause de l’émotion sacrée, soit par l’effet d’un reflet de vitrail, montraient cette niaiserie, ce ridicule de la conviction bête, qui attendrit jusqu’aux larmes, et les plus laides étaient les plus touchantes : on sentait bien que celles-ci surtout se jugeaient augustes, en leur solennité de petites idoles ; ce leur eût semblé un sacrilège, on le devinait aux précautions de leur raideur, que leur voile un peu fripé, qu’une déchirure à leur robe ; elles avaient la responsabilité, déjà, du dieu qui serait en elles tout à l’heure.

La première communiante de chaque file était, à droite, Emmeline, à gauche, Sophie ; hasard, ou intention de faire honneur aux deux mères, qui, si simplement qu’elles vécussent, comp-