Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/576

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
566
MÉPHISTOPHÉLA

trempées dans une mixture, reprennent toute la splendeur souriante des anciens midis, — s’ouvre, s’épanouit, rayonne béatifiquement. Mais voici qu’elle s’agite, faiblement d’abord, en même temps qu’une expression de gêne déforme le calme de son sourire ; et de ses deux mains, qui s’élèvent et battent l’air, elle voudrait, dirait-on, — comme un dormeur, inconsciemment, chasse une mouche — écarter de ses oreilles l’importunité d’un frôlement ou d’un bruit ; sans doute elle n’y réussit pas ; car elle s’agite plus violemment, les jambes tendues, puis ramenées, puis ouvertes jusqu’à l’écartellement ; ensuite, la tête entre ses deux poings clos, elle se lève d’un seul élan ; et, l’œil exorbité, les traits zigzagant comme en des tics de démoniaque ou d’hystérique, elle se met à courir par la chambre ! En fuyant, — car, sans quitter la pièce, elle a l’air de fuir, — elle regarde derrière elle, sur le tapis, comme si quelque grouillement invisible de bêtes la poursuivait pour la mordre ou lui monter aux jambes ; cette fuite ne s’arrête pas, allant d’un mur à l’autre, évitant les miroirs ; et maintenant la baronne Sophor d’Hermelinge pousse les longs cris plaintifs d’un chien qu’on bat ou d’un loup qui aboie à la lune ! Oh ! quels hurlements ! et, tout à coup,