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MÉPHISTOPHÉLA

tateurs planent dans le vague des sons ; c’est le mystérieux battement de leurs ailes qui rythme les mélodies. Au lieu de lire, au lieu de jouer des nocturnes ou des sonates, elles travailleraient. On avait dû instruire assez mal Carola dans ce couvent de province ; Sophor recommencerait l’éducation de sa fille. Elle réapprendrait pour les lui enseigner les histoires, les sciences. Pas de maîtres, pas de maîtresses (pourquoi donc, à ce mot, frissonna-t-elle ?) elle-même, elle seule, serait l’institutrice de son enfant. Les professeurs qu’on paie font leur devoir, rien de plus ; c’est encore bien heureux quand ils n’inculquent pas de mauvaises pensées à leurs élèves. Surtout Carola ne resterait jamais seule avec les domestiques ; une jeune fille entend un vilain mot, ne le comprend pas, y rêve, finit par le comprendre, étrangement. Ensuite, quand Carola aurait vingt ans, — pas plus tôt — il arriverait qu’un homme très honnête, très sain d’esprit et de cœur, s’éprendrait d’elle, l’épouserait. Alors, que deviendrait Sophor ? eh bien ! elle vivrait avec la jeune femme et le jeune mari. Comme l’on serait loin de toutes les vilenies, de toutes les angoisses ! Comme il serait bon d’être heureux ensemble, avec des gamins et des gamines pas plus