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MÉPHISTOPHÉLA

VI

Être une mère ! aimer l’enfant que l’on porta, que l’on mit au monde ! ne vivre que pour lui, le dorloter, le choyer, le serrer sur son cœur, et le parer, le trouver plus beau que tous les autres enfants, et, la nuit, se lever pour aller écouter, au bâillement de la porte, s’il dort bien sur l’oreiller que dans la blancheur des rideaux protègent des ailes de séraphins ! Sophor savait bien qu’elle n’était pas de celles à qui de telles joies sont permises ; elle se souvenait de l’instant, autrefois, où elle regarda sa fille et s’enorgueillit de ne pas sentir son cœur battre. Oui, elle s’était enorgueillie de ne pas être une mère. Comme on change ! comme elle aurait voulu, à présent, être capable de l’émotion jadis redoutée et