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MÉPHISTOPHÉLA

était excédée. Ah ! cette odeur surtout ! si elle avait pu en être délivrée ! Mais elle n’osait même pas se plaindre. Elle faisait remarquer seulement, avec timidité, — à qui ? elle ne savait pas ? à quelqu’un par qui, lui semblait-il, ses confidences étaient écoutées, — que, son péché, elle l’avait, par son péché même, assez expié ; qu’elle pourrait bien, à présent, ne plus entendre ce rire, ne plus sentir cette odeur, ne plus être obligée à aller chercher, dans le mensonge des sales plaisirs, d’autres remords. Car elle savait qu’elle avait des remords ! Elle se disait : « Oui, c’est des remords que j’ai. » En ces moments-là, — c’était surtout après les excitations de la morphine, dans la veulerie des flasques énervements, qu’elle s’abandonnait à ce point — elle n’aurait pas refusé d’être une personne comme il y en a tant, avec des parents, un mari. Elle enviait, le front à la vitre, les promeneurs du dimanche qui vont dîner à la campagne. Même, certaines fois, la pensée la hantait de demander pardon au baron d’Hermelinge ! s’il ne voulait pas d’elle pour épouse repentie, eh bien ! elle serait une servante dans la maison, qui fait bien son travail, qui ne connaît pas ces épouvantables langueurs. Mais elle se disait vite qu’ils étaient chimériques, ses rêves de repentir, de pardon, d’honnêteté ; qu’elle était