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MÉPHISTOPHÉLA

— Non, non, pas dans sa chambre. Nous t’avons ménagé une surprise, Silvie et moi.

— Silvie et toi ?

— Oui, toutes les deux. Nous sommes très bonnes amies. Je lui ai dit : « Sophor, vous la connaissez bien, n’est pas comme tout le monde. Puisqu’elle va venir, puisque vous l’attendez, puisque vous devez dormir ensemble, il faut l’amuser par de l’imprévu. Une femme, dans un lit, entre les batistes et les dentelles, c’est banal. Il faut trouver quelque chose de plus singulier, de plus nouveau. » Et, comme elle ne trouvait rien, j’ai trouvé pour elle, moi !

— Toi ?

— Moi. D’abord, elle ne voulait pas, elle hésitait, je lui ai fait comprendre que tu serais très contente, elle a fini par m’obéir. Et pour t’amuser, voici ce que j’ai imaginé. Tu sais, autrefois, elle avait commencé un grand tableau. Une Ophélie, parmi des fleurs. Était-ce bien une Ophélie ? enfin une jeune fille étendue, avec des lys et des roses sur une tunique, sur les bras, sur la poitrine. Eh bien ! j’ai couché Silvie sur la table à modèle, elle t’attend là, tu vas voir comme elle est jolie. Ah ! j’espère que tu me diras merci de l’avoir habillée et couchée pour toi !

Alors, levant d’une main la lampe, Céphise, de