Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/473

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
463
MÉPHISTOPHÉLA

de neige qui vous fondrait entre les dents vers la gorge. En présence de la seule amie, elle serait tout à coup délivrée des langueurs et des rancœurs, heureuse. Et, enfin, c’était résolu, elle la reverrait.

La difficulté de mener à bien son projet lui en fit désirer plus encore la réalisation ; tout de suite, ardemment, elle s’occupa des moyens de réussir. Pour retrouver les traces de la disparue, que faire d’abord ? Ce qui rendait l’entreprise peu aisée, c’était qu’Emmeline, mariée on ne savait où, en quelque lointain pays de France, à l’étranger peut-être, portait maintenant un nom inconnu de Sophor ; et tant que ce nom resterait ignoré, comment orienter les recherches ? Mais, pas du tout, elle ne savait ce qu’elle disait : il n’était pas indispensable de savoir comment s’appelait le mari d’Emmeline ; il suffisait de découvrir ce qu’était devenu le baron Jean. Il n’avait pas dû demeurer bien longtemps au Sénégal ; il était rentré dans son pays ; il devait être, à présent, dans quelque grande ville de province, chef de bataillon, ou colonel, général peut-être ; et, après s’être renseignée, Mme d’Hermelinge enverrait quelqu’un d’intelligent et de sûr qui ferait parler les domestiques du baron ; à coup sûr ils n’ignoraient pas où habitaient la sœur et le beau-frère de leur